Ouvrir la maison des arts
Maison des arts de Schaerbeek Bruxelles - 30/11-28/4/2019projection video en continu sur la porte d'accès à l'espace d'exposition. Avec Ahmed A., Ismaïl B. et Ahmed D.
J'étais invité à venir ponctuer par quelques interventions artistiques, l’inauguration officielle de la Maison des Arts de Schaerbeek restaurée. Ouvrir la Maison des Arts. Le titre s’était imposé à moi d’emblée et il s’agissait de faire résonner de manière littérale l’injonction d’ouverture que comportait ce titre : portes, armoires, stores, fenêtres… seraient les espaces que j’investirais. Mais ce serait aussi mettre en jeu éventuellement un passage de l’extérieur vers l’intérieur (et vice versa ?). Image grimpante (une image gagnée par les propriétés du lierre dont elle est l’image) entrait ainsi dans le cadre de cette exposition. Un autre axe serait celui de mon regard posé en bordure des travaux de restauration de la maison. Demeurant attentif aux gestes de l’équipe des restaurateurs, l’une ou l’autre œuvre pourrait émaner de mon attention à ceux-ci. Ce n’est plus tant l’articulation entre intérieur et extérieur, qui serait en jeu à ce point, mais une mise en scène possible de la relation de ce qu’était tel élément ornemental de la maison, avec ce qu’il serait, par sa restauration, redevenu… Restaurer. N’y va-t-il pas d’une certaine relation aux revenants ?
Un dernier axe, que je voudrais évoquer ici, est aussi celui qui s’est imposé à moi le premier : Ouvrir la Maison des Arts aux migrants. Cette première idée était celle du citoyen que je suis au côté de l’artiste que la Maison des Arts de Schaerbeek avait honoré de son invitation. Au moment où Véronique Baccarini et Anne-Cécile Maréchal me faisaient part de leur projet de m’inviter à la Maison des Arts de Schaerbeek, notre gouvernement faisait grand bruit dans les médias avec son projet de loi autorisant les visites domiciliaires chez les citoyens engagés dans l’hébergement des migrants du Parc Maximilien... à Schaerbeek. Pour différentes raisons, l’accueil de migrants à la Maison des Arts durant le temps de mon exposition n’a pu être concrétisé, mais j’ai voulu à ma manière, quand même, faire en sorte que ces gens autour desquels s’organisent les bénévoles et les citoyens de la Plateforme de soutien aux réfugiés, pour les mettre à l’abri des rafles et du froid de la nuit, soient présents, au moins au titre de fantômes, dans mon exposition. Et c’est à eux et aux citoyens qui prennent la peine d’aller à leur rencontre que je voudrais dédier celle-ci.
Benoît Felix, novembre 2018
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